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Basquiat, un adolescent à New York


À l’instar de Nico 1988 sorti en début d’année, Boom for real (retitré Basquiat : un adolescent à New York) scrute les années souvent méconnues de l’artiste Jean-Michel Basquiat. La réalisatrice américaine Sara Driver nous plonge dans The late teenage years du peintre, sous-titre révélateur de la période durant laquelle il utilise les rues de New York comme atelier, cristallisant la trajectoire artistique de cette icône de l’underground des années 1980.

Se focalisant sur un temps restreint, de 1978 à 1981 juste avant sa rencontre avec le pape de la pop culture Andy Warhol, le biopic sonde l’intimité de Jean-Michel Basquiat en donnant la parole à des amis, des galeristes, des artistes. Au-delà d’un documentaire analytique de l’œuvre, le récit dévoile la personnalité si mystifiée de Jean-Michel Basquiat, dont le culte auto-fabriqué brouille aujourd’hui la réalité de l’être. C’est par le prisme de ces témoignages, tantôt touchants, tantôt narcissiques, que se dessinent les interstices d’un personnage au regard avant-garde, au caractère vindicatif, à l’esprit intellectuellement sauvage.

De ses débuts sous la signature collective de Samo© à son entrée dans les galeries, en passant par ses incursions musicales expérimentales, le documentaire prend des chemins pluriels, à l’image de l’œuvre hétéroclite de Basquiat.

Malgré l’intérêt de ce portrait multi facettes et de fait si personnel, la parole de certaines connaissances étaient dispensables tant elles semblent apparaître à l’écran uniquement pour se glorifier d’avoir fréquenté une « telle star ». Mais la véritable lacune demeure celle d’avoir peu accordée la parole à l’artiste, car les meilleurs mots pour se raconter demeurent ceux du sujet.

En revanche, la contextualisation réalisée dans le documentaire s’avère être un puits d’informations primordial pour comprendre l’essence de l’underground, avec l’émergence du street art et l’avènement quelques années plus tard d’un néo-expressionisme dont Jean-Michel Basquiat est l’une des figure de prou. Dans nombres de documentaires, l’accent est mis uniquement sur le créateur occultant tout le bagage historique et social qui va de paire avec la création. Boom for real ne tombe pas dans cet écueil et déroule un exposé socio-culturel qui donne de la force au propos et du crédit au portrait qui est esquissé de cet artiste majeur du XXe siècle, dont le leg artistique est véritablement indissociable de son environnement.

Boom for real arrive ainsi, en dépit de quelques faiblesses, à intéresser les néophytes comme à assouvir la curiosité des aficionados. Une introduction dans l’œuvre de Jean-Michel Basquiat qu’il est possible de prolonger avec l’actuelle exposition à la fondation Louis Vuitton à Paris consacrée aux productions réalisées entre 1980 jusqu’à 1988, année de sa mort, visible jusqu’au 14 janvier.

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