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RGB


FEMME.S DE POUVOIR

Si dans la forme le film éponyme consacré à Ruth Bader Ginsburg n’a rien de révolutionnaire pour le genre documentaire, sans pour autant être dépourvu d’intérêt sur le plan de la réalisation, le fond s’avère d’ordre primordial dans cette ère contemporaine où le terme « féminisme » peut ironiquement s’enorgueillir de faire encore tressaillir certaines têtes. C’est d’ailleurs sur un florilège d’injures, fort heureusement de courte durée, à l’encontre de l’Américaine Ruth Bader Ginsburg que s’ouvre le biopic, illustrant que la lutte des femmes n’a pas d’âge.

On saurait gré alors aux réalisatrices Betsy West et Julie Cohen d’avoir mis en lumière cette octogénaire à l’influence majeur dans la politique américaine. Retraçant la vie intime et professionnelle de Ruth Bader Ginsburg, le binôme a su capter toute l’importance du travail mené par la juge RBG depuis le début de sa carrière mais surtout l’essence d’un esprit d’une intelligence et d’une humanité renversante. Car au-delà de son curriculum vitae impressionnant, Ruth Bader Ginsburg incarne un féminisme avant-gardiste dès les années 1970 alors qu’elle s’attaque aux discriminations sexuelles en vigueur dans le droit américain, pointant du doigt un gender blindness hypocrite bien ancré dans l’appareil juridique.

Avocate, professeure, devenue juge à la Cour suprême des États-Unis en 1993, celle que l’Amérique nomme désormais « Notorious RBG » et a quasiment élevé au rang de Madone pop, Ruth Bader Ginsburg a su, et ne cesse, d’utiliser sa liberté politique afin de renverser le sexisme et d’équilibrer les droits entre les hommes et les femmes. À travers la caméra de Betsy West et Julie Cohen, par le prisme de cette figure inspirante qu’est RBG, le film prend et donne la voix aux femmes, et étend une bienveillance au-delà de toutes frontières : géographique, identitaire ou encore sociale.

DE NOTORIÉTÉ ÉGALITAIRE

Le film dévoile une pionnière du féminisme, luttant contre tous types de discriminations y compris la ségrégation raciale, mais dresse également le portrait d’hommes d’un humanisme rafraîchissant à commencer par l’époux de RBG, Martin Ginsburg. On y découvre une histoire d’amour où l’intime et le politique sont intrinsèquement liés, une union où le respect de l’être humain prime sur la doxa. Un couple alors peu conventionnel pour l’époque, dans lequel la femme mène carrière à l’image française de Simone Veil.

En sous texte se dessine finement tout au long du documentaire l’enjeu fondamental de ce XXIe siècle : le combat des femmes est l’affaire de tous•tes. Car si Ruth Bader Ginsburg est sanctifiée au statut d’icône, les deux réalisatrices soulignent avec justesse l’impact des gens qui ont jalonné la vie de la juge et ont participé au concours des remarquables avancées pour le droit des femmes aux États-Unis. Le féminisme est une ouverture sur le monde, aspirant à l’égalité des êtres humains sans renier ses batailles passées à l’image du récit biographique de cette héroïne dissidente qu’est Ruth Bader Ginsburg. Et si les premières secondes du documentaire réagissent négativement contre cette voix progressiste, le reste du film n’est que prévenance et optimisme malgré les épreuves, préférant mettre en exergue les évolutions plutôt que s’apitoyer sur les détraquements. Un message d’espoir qui réchauffe les convictions et redonne (presque) foie en l’humanité.

Le documentaire nous mène ainsi plus loin que la riche vie de Ruth Bader Ginsburg, il esquisse un modèle inspirant, plus que jamais d’actualité dans la société nauséabonde de Trump, pour tout à chacun qu’importe l’âge, la race et surtout le sexe. Car le féminisme n’est pas qu’une affaire de femmes, et ces dernières « obtiendront vraiment l’égalité lorsque les hommes partageront avec elles la responsabilité d’élever la prochaine génération » comme le souligne RBG.



Pour aller plus loin

« Quand gouverner n’est pas représenter », dans La Fabrique du féminisme, Geneviève Fraisse


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Article pour Le Bleu du Miroir

La Bobinette flingueuse est un cycle cinématographique ayant pour réflexion le féminisme, sous forme thématique, par le prisme du 7e art. À travers des œuvres réalisées par des femmes ou portant à l’écran des personnages féminins, la Bobinette flingueuse entend flinguer la loi de Moff et ses clichés, exploser le plafond de verre du grand écran et explorer les différentes notions de la féminité. À ce titre, et ne se refusant rien, la Bobinette flingueuse abordera à l’occasion la notion de genre afin de mettre en parallèle le traitement de la féminité et de la masculinité à l’écran. Une invitation queer qui prolonge les aspirations d’empowerment de la Bobinette flingueuse.

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