Les paysages de traverse de Mathias Poisson
Flâneur du sensible, Mathias Poisson investie le Vog avec des Graphies du déplacement en deux parties. Une exposition deux en un afin d’appréhender toute la mesure de cette démarche sensitive où le rapport au corps questionne l’environnement urbain et paysager, à travers des cartes subjectives. Une promenade aux multiples sentiers offrant un autre regarde sur les villes, et un focus particulier sur l’Isère dans le cadre du Paysage > Paysages.
À travers la marche, l’artiste Mathias Poisson éprouve le territoire pour une expérience artistique polymorphe dans laquelle la représentation a posteriori de la promenade est intrinsèquement liée à la mémoire sensitive du corps dans l’espace parcouru. Une démarche du ressenti où se mêlent crayonnés, photographies et performances retraçant la déambulation réalisée par l’artiste, seul ou en groupe.
Le plasticien, performeur et dessinateur élabore ainsi des cartographies urbaines faites de rencontres, d’objets glanés et d’impressions corporelles retranscrits dans des cartes subjectives se dévoilant actuellement dans l’architecture déambulatoire du centre d’art le Vog. Des Graphies du déplacement présentées en deux temps afin d’offrir une réalité in situ de l’environnement : actuellement et jusqu’au 2 mars, l’exposition propose une sélection d’œuvres antérieures parcourant diverses villes du globe pour une mise en marche au cœur de la cartographie subjective de l’artiste. Le reste du mois de mars s’intéressera ensuite aux terres environnantes avec des cartes récemment réalisées en Isère sur invitation de la manifestation Paysage > Paysages, projet culturel porté par le Département.
DE MARSEILLE A L’ISÈRE
Pour cette première immersion au cœur de la marche, le choix d’œuvres de Mathias Poisson autour de la « cartographie subjective » dessine une nouvelle géographie, de Marseille à Istanbul en passant par Lurs. Une exploration personnelle des lieux dont le découpage ne se fait plus par frontière urbaine mais par impressions mémorielles du corps lors du déplacement.
L’exposition élabore alors un parcours particulier aux diverses entrées : récoltes d’objets présentées en série telle une découverte archéologique, dessins déployés dans l’espace esquissant une balade chorégraphiée, croquis sensitifs d’une ville devenue organes, portraits photographiques de personnes croisées… Autant d’éléments qui rendent compte de la pluralité du paysage urbain, dans sa matérialité construite comme dans sa chair humaine, par le prisme d’un langage plastique propre à Mathias Poisson.
MOUVEMENTS ANTHROPOLOGIQUES
Des marches dessinées qui ébauchent au fil du temps des cartes subjectives pour un réseau déambulatoire imaginaire. Car les trajets des lieux visités font l’objet de retranscription de mémoire dans l’atelier de l’artiste, une fois la promenade terminée. Autant de variations qui font du travail de Mathias Poisson une forme d’anthropologie artistique des interactions humaines, l’artiste devenant archéologue urbain qui interprète des quartiers dans leur physionomie mais aussi les raconte à travers les personnes qui les habitent et traversent.
Le corps en mouvement devient GPS aléatoire d’un espace guidé par la sensation, d’où la subjectivité territoriale, mais demeure une forme d’investigation sociologique par l’expérience performée. Mathias Poisson questionne ainsi l’architecture de la ville, la place du corps mais aussi la nature même de l’art et sa représentation dans l’espace publique, pour une confrontation entre les différentes entités qui composent le mouvement et une étude des individualités qui habitent l’espace du mouvement.
Graphies du déplacement, au Vog Fontaine jusqu’au samedi 31 mars.
Jusqu’au 2 mars : choix d’œuvres de Mathias Poisson autour de la cartographie subjective ; du 7 au 31 mars : exposition de cartes récentes réalisées en Isère (vernissage le 7 mars à 18h30)