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Interview Isabelle Lazier

Dans le cadre de la manifestation "2017, année Lesdiguières", le Musée de l’Ancien Évêché met à l’honneur un cartographe important mais méconnu du grand public : Jean de Beins (1577-1651). Après avoir visité l'exposition, nous avons rencontré Isabelle Lazier, conservatrice du musée, pour en savoir un peu plus.

L’exposition Les Alpes de Jean de Beins s’inscrit dans le cycle "2017, année Lesdiguières". Quels sont les liens entre ces deux personnages ?

Isabelle Lazier : Le contexte de l’époque est important : au début du XVIIe siècle, une paix fragile est rétablie dans le royaume de France. Les guerres civiles sont terminées, ainsi que celles avec le duché de Savoie et l’Espagne. Le roi de France Henri IV souhaite donc développer le royaume après ces périodes de grand trouble. Mais le plus important pour lui, c’est surtout de disposer d’une connaissance parfaite des différentes provinces afin de pouvoir intervenir rapidement en cas de guerre ou de conflit soudain. Pour cela, il faut connaître le chemin le plus court, et donc établir une cartographie. Pour la province du Dauphiné, c’est le lieutenant général Lesdiguières qui soutient l’opération et qui permet au jeune géographe Jean de Beins d’être en charge du projet.

Le parcours de l’exposition dévoile une soixantaine de cartes du Dauphiné et d’ailleurs. Que découvre-t-on avec ce riche panorama ?

C’est la première représentation réaliste du Dauphiné. Dans les archives précédentes, on se rend compte que des cartographes s’étaient essayés à faire une traduction sur papier de cette province médiévale, mais personne ne s’était vraiment attelé à un travail systématique, complet et surtout précis comme l’a fait Jean de Beins. Cela a permis de délimiter et de connaître précisément la province avec ses routes, ses chemins, ses voies de passage, ses évêchés, ses paroisses... Tout est détaillé, c’est un travail qui va au-delà de la cartographie ! Il s’agit d’un inventaire du patrimoine, d’une vue photographique comme prise par satellite. C’est une façon de donner un lien, de la cohérence et une existence véritable à ce territoire.

Est-ce que la préparation de cette exposition a mis à jour de nouvelles données historiques concernant la région ?

Il n’y a pas eu de découverte scientifique, mais l’exposition permet de se représenter les choses et de voir l’évolution du territoire. Jusqu’à présent, on avait une connaissance approfondie mais livresque de l’Isère. Ces cartes donnent une matérialité à ce savoir. Et pour le grand public, c’est une mine prodigieuse de connaissances. C’est une manière de revisiter le Dauphiné. Il y a aussi une dimension sensible : les gens viennent chercher des informations sur les zones géographiques qui leur sont chères.

Les Alpes de Jean de Beins, au Musée de l’Ancien Évêché jusqu’au mercredi 28 février

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