La croisière du CAB
En ces heures estivales, le Centre d’art Bastille convie le visiteur à un Sentimental Summer à travers des œuvres plurielles qui abordent la notion de voyage, de nature et d’explorateur. De sculptures en installations, l’exposition collective arpente les rives marines et les sommets montagneux, pour un dépaysement si bien plastique que réflexif.
Qu’il soit physique ou imaginaire, le voyage est inhérent à l’esprit humain, et c’est en creux de cet univers de l’évasion que l’exposition estivale du Centre d’art Bastille déploie ses sentiers artistiques entre réflexion archéologique, détournement de vestiges et critique du consumérisme vacancier. Une proposition collective éclectique porteuse de douceur, pour un Sentimental Summer qui invite à l’exode.
Un exode sous forme d’exploration avec Théo Mercier et son Memento mori (Ammonite) où se confronte l’ancien et le neuf sur un même piédestal pour une archéologie futuriste, tandis que Adrien Missika révèle ses trésors glanés sur le Piton de la Fournaise, moulage de fonte d’aluminium de pierre volcanique et de cactus, éléments noyés dans le paysage touristique ici célébrés.
Une mise en lumière surdimensionnée chez Laurent Le Deunff où le Coquillage 1 pousse le regard dans une matrice nouvelle de la trouvaille à l’instar du Morse scotché qui se détache sur le fond des montagnes iséroises.
ENTRE TERRES ET MERS
Au second niveau, la déambulation se poursuit avec plus de légèreté entre les bonhommes vitrés de Vincent Broquaire qui activent le paysage en arrière plan et l’univers de la glisse de Olivier Millagou où le surf côtoie un art brut et pop. Sculptures de sable à l’allure totémique et plage de galets colorés sur fonds sonores hawaïens, Olivier Millagou envisage la culture surf en l’absence d’Hawaï.
Entre les montagnes et l’eau se matérialise le tapis dessiné Titre deux à usage unique d’Elsa Werth, réflexion sur le motif et l’apparition d’un tapis volant embarquant vers un pays fantasmé. La ligne de Vincent Broquaire quant à elle se poursuit dans la dernière salle en animation, faisant de l’horizon une rêverie délicate. Et bien que Guillaume Cabantous propose une œuvre Back to reality, l’installation demeure dans le sentimental mystérieux avec sa luge surmontée d’une couverture de survie et de bois de cerf, amoncellement d’objets où se confond effets personnels et vision écologique.
Le désenchantement clôture le voyage avec une vidéo de Hans Op de Beeck pointant du doigt les croisières de luxe pour une Sea of Tranquillity plutôt mouvementée dans le discours.
Sentimental Summer, au Centre d’art Bastille jusqu’au dimanche 24 septembre