Tracés mémoriels
Mécaniques ou humains, les pas de Jeremy Wood sont art. Muni d’un GPS, l’artiste londonien sillonne la ville et la campagne, afin d’esquisser une cartographie sensorielle intime ou collective, qui s’affiche actuellement au Vog de Fontaine. De sentiers en dameuses, il dévoile un nouvel espace et questionne le territoire avec finesse et poésie.
S’étalant sur plusieurs mètres, l’œuvre Meridians se lit comme un manifeste préambule à la création de Jeremy Wood. Équipé d’un GSP, cet artiste londonien arpente depuis plus de quinze ans sa ville, celle des autres ainsi que les campagnes, et enregistre inlassablement ses déplacements. De satellites en traceurs, de nouveaux espaces se griffonnent sous les pas de ce marcheur infatigable.
True places, exposition présentée au Vog, s’ouvre ainsi avec Meridians dévoilant une marche labyrinthique à travers Londres. L’artiste y inscrit un message le long du méridien de Greenwich grâce au tracé GSP, tout en (dé)montrant qu’il n’y a pas une seule façon de voir le monde. Car cette ligne de référence diffère de 100 mètres suivant les données, celles de l’outil numérique ou celles de l’armée.
L'artiste marcheur ne se contente donc pas d’écrire un message à l’échelle du ciel, il interroge aussi nos lieux communs, ces Trues places en référence à l'auteur américain Herman Melville, genèse créatrice entre la littérature et la cartographie.
Dans les pas des autres
Avec les séries Grooming, les dameuses au travail et Farming, travaux agricoles, l’œuvre naît de la rencontre entre la cartographie et la vie des Isérois. Embarqué sur une dameuse ou un tracteur, l’artiste a suivi le quotidien de ces personnes dont on ne voit pas forcément le travail au grand jour. Les lignes deviennent un « ballet mécanique » ordonné et abstrait.
Autant de point de rencontres signifiants qui semblent pourtant interroger in fine le dessein de l’existence, par l’abstraction de ces courbes qui nous échappe au quotidien. Dans ses pas, Jeremy Wood parle de lui, d’autrui et de nos lieux de vie avec une poésie graphique délicate.
True places, au Vog (Fontaine), jusqu’au samedi 10 décembre