Utopie inquiétante
De ses architectures fragmentées dans le réel émanent une étrange inquiétude. Utopie post-apocalyptique à l’ère industrielle, cette vision de la société par l’artiste Philippe Calandre donne à voir un monde connu fictif, une illusion construite grâce à des photomontages.
Si l’humain semble avoir fuit les univers funestes de Philippe Calandre, son spectre gris survole toutefois ses architectures (ir)réelles telle une présence responsable de cette catastrophe industrielle esquissée par les photomontages de l’artiste. Glanant des fragments de perspectives architecturales dans le fond photographique qu’il réalise au cours de ses voyages, Philippe Calandre reconstruit un monde nouveau fictif emprunt d’une réalité troublante. Le réel devient en effet ambivalent : les vues crépusculaires et l’architecture inscrite notre inconscient collectif se métamorphosent en illusion par une composition qui n’existe pas, teintée d’un camaïeu grisâtre comme extrait du film Sur la route.
Une perspective dévoyée
Avec ses paysages industriels abandonnés, l’artiste propose une vision pessimiste de notre société, entre cauchemar et vanité humaine. Le béton et l’acier sont lissés par le grain flouté de la photographie accentuant le trouble quant à la réalité de l’image. Lassé par le territoire, Philippe Calandre explore ainsi une nouvelle planète, offre un échappatoire à la Terre. Avec l’exposition In perspectivo, l’artiste compose une réponse in situ à l’espace Vallès mais également à sa implantation territoriale. Le plongeoir de l’entrée entre en résonance avec les Jeux Olympique de Grenoble en 1968 tandis que la série Kepler sillonne un monde parallèle. Une étrange fascination pour les paysages surréalistes et l’architecture se dégagent alors des photomontages de Philippe Calandre, questionnant notre propre rapport à l’espace contemporain, saturé d’usines. Des images sombres, toute en étant séduisantes par leur esthétique léchée, qui déploie une déambulation (extra)terrestre (in)connue, dans un future glaçant.
In perspectivo, jusqu’au samedi 29 octobre, à l’espace Vallès