Dans l’œil d’Obey
Son viseur, il l’ajuste à coups d’aplats vibrants accompagnés parfois de détails minutieux. Le street artist Shepard Fairey, aussi connu sous le nom d’Obey, envahit actuellement les murs du centre d’art Spacejunk à l’occasion de la seconde édition du Grenoble Street Art Fest. Un déroulé sérigraphique en faveur de l’écologie, entamé depuis 1997.
Certaines personnes n’ont pas attendu que l’écologie devienne un sujet tendance pour dénoncer les ravages faits à la planète par une industrie nécrosée et des entrepreneurs cupides. L’Américain Shepard Fairey fait partie de ses défenseurs acharnés qui n’ont de cesse de militer pour la protection de la Terre.
L’arme privilégiée de ce street artist : la sérigraphie. Depuis 1997, il produit des œuvres sur papier où la séduction de l’image permet de mettre en exergue un message vindicatif fort. La prégnance du discours passe par une maîtrise aiguisée de la couleur et de la composition, des méthodes visuelles semblables à la publicité afin de mieux dénoncer les affres du marketing et tenter de sensibiliser le public à la cause environnementale.
Un sujet récurrent pour l’Américain qui se déploie, dans le cadre du Grenoble Street Art Fest, dans l’antre de Spacejunk. Si les pièces exposées sont nombreuses, cela ne nuit en rien à la qualité formelle et sémantique de chacune d’elle, comme de l’ensemble, grâce à une scénographie au service d’une mise en situation pertinente.
Figures de la terre
L’accrochage a ainsi été judicieusement pensé afin de faire résonner les pièces entre elles et de mettre en abyme la cohérence dans l’œuvre de Shepard Fairey. Si le sujet de l’écologie tisse un fil rouge, certains motifs se répètent telles des poupées russes. De Global warming, où l’esthétique renvoie à une certaine influence wharolienne, à Obey windwill, l’éolienne se dresse comme un totem pour un avenir plus vert.
La série Earth Crisis présentée au-dessus s’écrit avec à des lignes graphiques plus sobres mais qui trahissent le style sans pareil de l’artiste, reprenant à son compte la force visuelle des propagandes soviétiques. Tel un logo activiste pour la planète, il appose « Obey » ou le visage qui lui est associé dans de nombreuses œuvres.
Et quand ce n’est pas le visage d’Obey, Shepard Fairey convoque directement des militants comme Paul Watson, pour des portraits où le rouge laisse place au bleu, signifiant de l’espoir. Avec Air et Act Now, Apologize Later (1997), la référence à l’activiste Adam Werbach est plus discrète mais le message percutant grâce à un lettrage aussi bruyant que celui de l’artiste contemporaine Barbara Kruger. Qu’il use de grilles sobres ou de compositions en surimpressions pleines de détails, Shepard Fairey mène ainsi une propagande pour l’environnement avec une écriture unique et véhémente.
Obey Propaganda – A vision for our planet, à Spacejunk jusqu’au samedi 23 juillet