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Nudité freudienne

Chercher la profondeur de l'esprit dans la chair de l'autre, telle est la démarche de Gwenaël Mersaoui. Usant du nu pour arriver à dévoiler l'intériorité de ses sujets, le photographe propose une série forte et percutante à la galerie Ex Nihilo.

« C'est ça que je veux photographier. La compression qui nous vient organiquement du cœur et qui nous constitue, par une expression qui, peut-être, nous rend vivants au-delà de tout. » Amener l'autre dans un état d'absence de soi, tel est le dessein du photographe Gwenaël Mersaoui, exprimé par ces mots et en images.

Compressions, série de nus en noir et blanc réalisée en 2015, condense le paradigme matière/corps/inconscient en recherches visuelles provocantes qui explorent toutefois avec subtilité les profondeurs de l'âme. L'artiste pousse l'individu, marqué dans sa chair organique et psychique, jusqu'à la fracture de l'abandon pour qu'en émerge l'intimité des doutes. Pour arriver à figer ce propos du psyché caché, le photographe use du même process avec chacun de ses sujets.

L'inconscient saisi

Il ne s'agit pas de pose mais d'une performance d'une à deux heures durant laquelle la personne finit par perdre la maîtrise d'elle-même, dégageant avec énergie et intensité ce qui l'emprisonne dans son enveloppe charnelle : la maternité, la sexualité, le rejet. L'éclairage brut et frontal, enfermé dans un format carré, permet de focaliser des moments précis. L'action est alors figée et le mouvement ne se retrouve pas dans le geste mais dans l'instant où l'âme bascule vers un relâchement incontrôlé. Torse tendu, seins compressés, jambes entremêlées, tête écrasée s'affichent dans la crudité de la lumière blanche qui se découpe sur le fond noir.

Cette force, à la fois violente et poétique, prend sa genèse dans ce mouvement arrêté par l'image mais aussi dans la relation installée par le photographe avec le sujet, afin d'atteindre sans artifice l'esprit. Ni académique, ni gratuit, le nu prend, avec Gwenaël Mersaoui, une dimension psychanalytique sublimée par des clichés d'une beauté brutale et douce à la fois.

Compressions, à la galerie Ex Nihilo jusqu'au samedi 9 avril

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