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L'ère de l'objet

Transformant des journaux GreNews en pâte grise, conditionnant ainsi le dysfonctionnement de l'objet, Johan Parent donne vie à l'outil et rend l'homme passif. Grâce à cet étrangement renversement des facultés intrinsèques la matière, l'artiste grenoblois souligne les relations entre l'humain et son environnement, et fait de la Matière grise présentée à la galerie Showcase une expérience (dés)humanisée.

À l'angle de la place aux Herbes et de la place Claveyson, la galerie Showcase dévoile un rectangle gris sur fond blanc, lui-même sur fond gris. Étrange mise en abyme avec le mur qui le présente, donnant une résonance « malévitchienne » à l'ensemble, le monochrome grisâtre aux aspérités irrégulières interroge le regard sur sa véritable identité : est-ce du béton ? Du papier mâché ? Ou juste illusion ?

La Matière grise de Johan Parent n'est rien de tout ça. Invité par la galerie début 2015, l'artiste grenoblois s'est mis à collecter les journaux GreNews qu'il recevait dans sa boîte à lettre. Suivant un protocole de transformation de la matière, il a ensuite créé une pâte aux nuances grises qui s'affiche désormais dans l'espace public. S'intéressant aux objets et le rapport que l'homme entretient avec, l'artiste ne cherche pas à questionner le sujet mais donne à l'ensemble de ces créations des vies autonomes, déconnectées de leur fonction, plongeant le spectateur dans un état d'inutilité face à ses habitudes quotidiennes. Une position renforcée par la mise à distance exercée par la vitrine, créant un espace libre où seule règne la matière grise. Une matière qui apparaît alors vivante, se suffisant à elle-même, tandis que l'homme devient obsolète.

Matière grise, jusqu'au vendredi 13 mars, à la galerie Showcase

via Le Petit Bulletin

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