Baselitz lui parle
En puisant dans la quintessence des sculptures de l'artiste allemand Georg Baselitz, Bernard Roudet dévoile une peinture puissante empreinte d'un expressionnisme allemand percutant. Le tout sans tomber dans l'écueil d'une pâle copie.
Les mots, comme les images, peuvent être trompeurs. La nouvelle exposition de la galerie Hébert consacrée au Grenoblois Bernard Roudet, et intitulée Hommage à Baselitz, ne présente pas uniquement un ensemble dédié à l'artiste phare de l'expressionnisme allemand qu'est Georg Baselitz. Trois autres séries se dévoilent : les photomatons, les arbres et Home sweet home. Trois séries dans lesquelles on ne retrouve pas l'expressivité de la touche du peintre Bernard Roudet, raison probable pour laquelle l'accent est mis sur les cinq toiles (2015) inspirées par les sculptures de Baselitz.
L’œuvre de l'Allemand est ainsi marquée par la sculpture et la peinture, tout comme celle de Bernard Roudet. Mais au lieu de réinterpréter un même médium, ce dernier prend pour modèle les sculptures taillées à vif dans le bois de Baselitz pour les transposer en peinture. Cet artiste « qui lui parle » enclenche une évolution dans son travail qui passe alors d'une peinture jetée à une technique plus dessinée.
Une peinture sculptée
Si, à ses débuts de sculpteur, Bernard Roudet pouvait être affilié à l'art brut, aujourd'hui son pinceau penche plus volontiers vers le néo-expressionnisme allemand : un mouvement émergé vers 1980 et prônant un retour à la peinture par une gestuelle marquée, avec une touche comme hachée, luttant avec la matière. Une expressivité que l'on retrouvait déjà dans les premiers bois de Bernard Roudet qui, au moyen d'une tronçonneuse, découpait l’œuvre.
On retrouve également cette spontanéité dans sa peinture hommage, avec une épaisseur dans la matière et une préoccupation dominante pour les enjeux picturaux. Comme travaillés dans la chair picturale, les personnages évoquent avec finesse les sculptures initiales. Mais le Grenoblois ne verse pas dans la fade copie et s'autorise une réinterprétation très libre des modèles choisis tout en gardant l'essence des pièces, offrant ainsi un nouveau regard sur la production de Georg Baselitz et une plongée dans l'art d'hier.
Hommage à Baselitz, jusqu'au samedi 26 mars, à la galerie Hébert