Face à l'oubli, la photo de Mathieu Pernot
En partant à la recherche des derniers survivants du camp d'internement de Saliers, Mathieu Pernot met en regard les carnets anthropométriques des Tsiganes déportés sous le régime de Vichy avec les portraits qu'il a réalisés de 1998 à 2000. Un témoignage visuel pour lutter contre l'oubli.
Si l'exposition sur les Tsiganes au Musée dauphinois a des accents de fête et de bohème malgré le contexte, celle actuellement présentée au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère en complémentarité jette un voile plus sombre sur l’histoire. Un camp pour les Tsiganes raconte les conditions de vie de ces familles déportées sous le régime de Vichy et durant l'occupation nazie, et s'intéresse plus particulièrement au camp d'internement de Saliers en Camargue à travers le travail photographique de Mathieu Pernot.
Construit en mars 1942, ce village vitrine servait de promotion à la politique de l'époque afin de justifier l'enfermement de ces populations. Il ne reste aujourd'hui aucune trace de ce lieu, malgré son utilisation pour le décor du film Le Salaire de la peur (il a été rasé à la fin du tournage). Le photographe, qui présente son œuvre comme un travail d'historien, est parti à la recherche des survivants de ce camp entre 1998 et 2000.
C'est ainsi qu'aux côtés des carnets anthropométriques, sorte de carte d'identité mise en place en 1912 pour les « nomades », on trouve des portraits des anciens internés, dont les clichés en noir et blanc éclatent d'humanité. Leurs témoignages audio viennent accompagner les images. Une œuvre visuelle et "chantée" nécessaire pour ne pas oublier le sort des Tsiganes, dont l'histoire se fait par l'oral plus que par l'écrit.
Un camp pour les Tsiganes, jusqu'au lundi 23 mai, au Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère