En noir et art
À 88 ans, François Calvat ne cesse de se confronter à la matière dans une tentative de mémoire du geste et du matériau. Simplifiant et épurant ses œuvres, il dévoile à l'Alter-Art ses dernières créations autour du papier kraft noirci et des pièces plus anciennes à Place à l'Art, pour un voyage dans l'abstraction formelle.
Non, ce n'est pas du Soulages ; non, ce n'est pas de l'Arte povera ; oui, c'est du François Calvat. Après des débuts artistiques marqués par la peinture figurative, ce natif de Saint-Martin-d’Uriage d'aujourd'hui 88 ans s'est orienté vers l'abstraction. Comment ? En utilisant des matériaux aussi bien usés que naturels et en jouant avec le noir du goudron ajouté sur les supports ou avec le fait de brûler des œuvres. Mais contrairement à Pierre Soulages qui expérimente les différentes nuances du sombre absolu (son fameux "outrenoir") et au mouvement Arte povera qui prône un retour à la nature, François Calvat cherche à travailler la mémoire en éprouvant la matière.
À la galerie Alter-Art, l'artiste présente ses dernières compositions réalisées en 2015 autour, principalement, du papier kraft. En quête perpétuelle de la matérialité de l’œuvre, il travaille le papier en le coupant, l'embrasant, en assemblant les bandes... Et aboutit ainsi à des tableaux noirs saturés de lamelles altérées. La simplicité formelle renforce l'impact plastique, rendant la matière organique, comme si la feuille devenait vivante par l'apparition des filaments et de rainures.
Présenté également à la galerie voironnaise Place à l'Art, François Calvat dévoile cette fois des pièces plus anciennes, démontrant la cohérence matérielle et conceptuelle de son œuvre.
François Calvat, dans l'atelier, jusqu'au samedi 28 novembre, à Alter-Art et à Place à l'Art (Voiron)