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Oh non, de la rose

Célèbre pour ses fleurs, l'Américaine Georgia O'Keeffe est une figure emblématique (mais méconnue en France) de la peinture moderne. Le Musée de Grenoble propose un regard sur son œuvre en la complétant par celle de « ses amis photographes ». Des photographies qui finissent malheureusement par prendre le dessus sur l'exposition, malgré quelques toiles de vues urbaines saisissantes.

Réactualiser les grands schémas de l'histoire de l'art, telle est l'ambition de la nouvelle exposition du Musée de Grenoble. Avec Georgia O'Keeffe et ses amis photographes, l'institution propose qui plus est une relecture de cette histoire via la figure d'une artiste-femme du XXe siècle. Un angle intéressant : on ne peut en effet nier que la présentation de la peinture moderne s'est trop souvent faite par la mise en avant d'artistes-hommes.

Fortement influencée par la photographie moderne, les œuvres de Georgia O'Keeffe (1887-1996) sont ainsi mises en parallèle avec celles de sept photographes dont les travaux finissent néanmoins par détourner l'attention initiale de l'exposition. On se lasse ainsi assez vite des représentations florales et des paysages abstraits (et sexuels) de l'artiste, dont le rendu laisse une impression de naïveté artistique. On (re)découvre cependant avec plaisir des pionniers de la straight photography (photographie pure) comme Paul Strand ou Alfred Stieglitz, génie portraitiste et époux de Georgia O'Keeffe.

Quand elle arrive en ville

Et c'est lorsque Georgia O'Keeffe abandonne ses fleurs que l'intérêt revient. Dans les années 1920, elle s'installe avec son mari à New York et trouve alors un nouveau sujet : la ville de l'ambition, en pleine élévation céleste grâce aux buildings fleurissants. Elle s'approprie le thème en peignant quelques vues urbaines des gratte-ciel – dont deux toiles sont présentées. Véritable condensé de géométrie, en contre-plongée, l'épuration des façades et la perspective hallucinante créent une tension entre abstraction et figuration.

Georgia O'Keeffe arrête cependant cette série au bout de 20 tableaux pour retourner à des espaces plus naturels, notamment en s'installant au Nouveau Mexique. Et c'est avec des os, ses « trophées du désert », que l'artiste produit encore une fois une série qui s'éloigne de la "jolie fleur" pour développer une vision particulière de ces éléments. Les ossements pelviens deviennent des objectifs photographiques donnant naissance à des paysages où la frontière entre abstraction et figuration se renforce avec un style presque surréaliste. On regrettera que ces deux séries ne soient pas les plus représentatives de son œuvre, ni les plus présentées dans l'exposition.

Georgia O'Keeffe et ses amis photographes, jusqu'au dimanche 7 février 2016 au Musée de Grenoble

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