Hybridations artistiques
Croiser les esthétiques et les réflexions, mêler les notions de temps et de fiction, tels sont les enjeux de Double cross actuellement au Centre d'art Bastille. Conçue dans le cadre d'un échange avec une structure italienne, l'exposition dévoile les travaux de Jacopo Miliani et Alessandro Di Pietro, avec Mikaël Belmonte en project room.
Piano, créée à l'initiative de d.c.a / association française de développement des centres d'art, est une plateforme franco-italienne offrant un espace de recherches et de travail partagé à des curateurs et des artistes, l'objectif étant d'établir un projet double, comme une exposition, entre une structure artistique italienne et une française. C'est ainsi que le Cab est devenu le théâtre de cet échange plastique avec l'Italie. L'exposition Double Cross, programmée par le commissaire d'exposition indépendant Vincent Verlé (et ancien directeur du Cab), présente les œuvres de Jacopo Miliani et Alessandro Di Pietro, dont la mise en parallèle permet la construction d'un récit commun par le prisme d'un langage hybride. À travers un questionnement sur la représentation de l'image et sa réception par les masses et dans les mémoires, Jacopo Miliano esquisse un nouveau langage de forme. Ce nouveau tout se met en place dans des installations hermétiques – une main disposée sur un rectangle de tissu représentant une action – mais qui stimulent indéniablement l'hémisphère gauche du cerveau. L'approche des œuvres d'Alessandro Di Pietro n'est pas moins simple mais, elle aussi, plus qu'intéressante. Selon un protocole précis, généré par ses propres limites à agir, l’artiste déploie un processus de création basé sur la répétition créant de nouveaux paysages sculpturaux, comme une veste « siamoise » suspendue par une tige de fer, devenant marqueur de son passage.
Détourner l'exposition
Son passage, Mikaël Belmonte en témoigne dans la salle consacrée au "project room", espace réservé à un artiste invité pour l'exposition en cours. Live sport, projet élaboré dans le cadre du Laboratoire Intercommunal Culturel Ornemental et Recherche Nomade dont il est le fondateur, envahit la pièce pour la métamorphoser en salle de sport. Ce sont alors les codes intrinsèques à l'art contemporain qui sont remis en cause dans cette fiction teintée de réalité. L'art contemporain se confronte au monde contemporain, mise en abyme de la carrière de l'artiste avec celle de son frère, impliqué dans un complexe sportif de la région. En créant cette fiction à la réalité fausse, le Grenoblois d'origine tend à troubler les limites de l'exposition et à plagier une activité pour lui octroyer une autre vérité.
Double cross, jusqu'au dimanche 3 janvier 2016, au Cab