Édito
« Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d'une œuvre d'art qu'elle veuille dire quelque chose, alors qu'ils acceptent tout à fait que leur vie à eux ne rime à rien. » Cette citation sentencieuse énoncée par le cinéaste David Lynch colle parfaitement à l'air ambiant du XXIe siècle dans lequel la moindre création est dans l'obligation regrettable d'avoir une compréhension simpliste et directe du message par le public. Il est cependant déraisonnable d'aborder l'art contemporain (et les autres arts) avec cette vision restrictive, tout comme il est vain de proclamer qu'une œuvre se passe du sens au profit d'une simple esthétique. Les toiles abstraites de Frédéric Benrath, actuellement exposé au musée Hébert, ne sont pas seulement des étendues de couleurs mais l'expression du « moi intérieur » de l'artiste en communion avec la nature, et ont de sens pour ceux qui y seront sensibles ou prêts à l'analyser. L'année plastique à venir sur Grenoble s'applique ainsi à réaffirmer cette vérité tout en la démontant avec notamment une saison dédiée aux femmes au Musée de Grenoble, présentant des œuvres qui allient fonds et formes avec finesse, ou encore l'exposition consacrée au lowbrow au centre d'art Spacejunk, mouvance inscrite dans son époque qui va à l'encontre d'une bienséance artistique bourgeoise. L'art contemporain n'est pas une vaste mascarade mais bien un champ à expérimenter et à explorer. Il est toutefois également grossier d'accoler la mention « art contemporain » à n'importe quel projet vide de toute substance. Une habitude, aujourd'hui hélas, qu'on voit se multiplier à l'international, comme en local.