Paris, humanisme noir
Avec sa troisième exposition grenobloise, Timothée Sonzogni confirme son talent de photographe entre clichés humanistes et poésie mélancolique. De ses visuels émanent une véritable puissance et une beauté du réel redécouverte. Paris se porte bien est en ce moment à la galerie Pygmaphore.
En mars 2014, le Grenoblois d'adoption Timothée Sonzogni dévoilait au public son amour de la photographie avec une exposition intitulée Fleur Addis. Lors d'un voyage à Addis-Abeba, ville de son Éthiopie d'origine, il photographie et capte l'âme des enfants qui y vivent. Un projet artistique vécu comme un retour aux sources, sous forme de thérapie. Son vécu, c'est ce qui l'a conduit à l'image. À force de questionnement et de retrait, il devient « spectateur du présent, par instinct de survie » et décortique en permanence les scènes qui se jouent devant lui. Une période de sa vie qui fait naître en lui un sens aigu de la composition et du détail. Peu de temps après sa première exposition, il réitère avec D’âmes reflets, série pour laquelle sa photographie s'éloigne d'un regard humaniste afin de flirter avec une forme de peinture impressionniste. En cette rentrée culturelle, il revient avec sa première série réalisée à Paris. Un projet artistique, et spirituel, pour lequel il arpente la capitale à la recherche de l'instant fragile. Il croise le chemin Joel Meyerowitz, pionner de la photographie de rue en couleur, qui réveille en lui ce qu'il y avait toujours eu.
« Être juste »
Inscrit en négatif, la vie de Paris et de ses êtres solitaires défile, passant d'une scène humoristique à une autre pleine de mélancolie, ou encore à une vision qui semble pur hasard. Sauf que tout cela n'a rien d'une coïncidence. Lorsque Timothée Sonzogni décide de se confronter à la photographie de rue, il le fait avec toute son âme, avec patience et cette vivacité requise lorsque l'instant gracile se présente. Et dans cette chasse à l'image, il n'y a pas que le cadrage qui octroie autant de prégnance à l'ensemble intitulé Paris se porte bien, mais aussi la lumière, dont un sublime clair-obscur. Ce qui donne cependant corps à ce reportage poétique, c'est bien l'artiste lui même qui, au moment d'appuyer sur le bouton, cherche tout simplement « à être juste, à ne pas mentir et, plus que la réalité présente, à (s')approcher au plus près de ce qu'(il) ressent. » Dans son art, mise en scène et retouche n'ont pas droit de cité, c'est la volonté de capter la quintessence du présent qui prime.
Paris se porte bien, jusqu'au mardi 3 octobre, à la galerie Pygmaphore