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Le beau temps de Denis Roche

À travers l'image, une poésie en négatif s'inscrit dans l’œuvre de Denis Roche. Écrivain et poète à ses débuts, l'homme né en 1937 use de la photographie dès les années 1970 pour prolonger sa problématique du temps et de la beauté. Avec ses clichés en noir et blanc, actuellement exposés à la bibliothèque Kateb Yacine, il interroge "les preuves du temps".

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1972, Denis Roche, alors écrivain et poète, déclare : « la poésie est inadmissible » et délaisse ce genre artistique. Démontant la pratique et l'esthétique même de cette forme littéraire, il transfère la problématique poétique sur l'image via la photographie. Cette dernière devient un large champ d'exploration dans lequel l'artiste interroge le mode opératoire, dont la mécanique impose sa durée, mais aussi la notion du beau grâce à un réel mis en abîme. Dans l'intégralité de l’œuvre de Denis Roche, les ponts sont incessants entre la littérature et la photographie toutes deux indissociables. Mais l'objectif lui offre une autre méthode dont le schème de pensée diverge de l'écriture car c'est le seul outil qui arrête le temps. Au-delà d'une forme poétique en noir et blanc jouant sur le reflet, la démultiplication et le double, la photographie est pratiquée de façon cérébrale chez Denis Roche, dont les raisonnements intellectuels ont donné lieu à de nombreux ouvrages. Plusieurs notions sont commentées comme celle du réarmement de l'appareil qui crée une dilatation du temps, espace durant lequel s'installe la mélancolie, transformant chaque acte en quête de l'instant.

Découpage du réel

Une recherche de la temporalité qui rentre dans la programmation du Printemps du livre de Grenoble dont la thématique cette année était « Avec le temps... » C'est au sein de la bibliothèque Kateb Yacine que les clichés de Denis Roche s'exposent l'espace d'un moment. À travers une sélection faite sur presque 40 ans, les préoccupations et les réflexions de l'artiste se dévoilent sous plusieurs aspects. Si les quatre photographies de sa femme Françoise dans un cimetière permettent de dilater le temps tout en le fixant et créent une nouvelle fiction, les clichés usant du reflet ouvrent une profondeur de champ dans laquelle un rapport d'écho s'installe entre moment présent et autoportrait. Et lorsque l'artiste photographie un appareil c'est autant pour dévoiler l'illusion du médium que pour commenter la fonction de l'outil. Mais quelque soit le sujet, le titre reprend le même code à savoir la date et le lieu, seule remarque possible puisqu'il s'agit d'un temps inaccessible selon l'artiste. En noir et blanc, en format carré ou rectangulaire, la forme est pensée mais pas truquée car la photographie est « la langue métaphysique par excellence pour Denis Roche » expliquait Jacques Damez, directeur de la Galerie Le Réverbère à Lyon, lors d'une conférence sur le photographe.

Les preuves du temps, jusqu'au samedi 9 mai, bibliothèque Kateb Yacine

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