Un écrivain au centre de la France
Plonger au cœur de la forêt pour élucider un meurtre et se rapprocher de Dora, la fille couchée sur papier journal, est la trame narrative dans laquelle Serge Joncour nous entraîne. L'Écrivain national, dernier roman de l'auteur français, sonne donc dès les premières pages comme un thriller suffoquant au milieu d'un environnement sauvage. Mais au-delà de la mystérieuse disparition d'un vieux maraîcher appelé Commodore, l'auteur tisse une véritable toile dans laquelle fiction et réalité se percutent afin de décortiquer les rapports sociaux et les peurs contemporaines d'une petite ville rurale.
Invité à Donzière pour une résidence d'un mois, Joncour (qui campe son propre rôle) se retrouve malgré lui mêler à cette suspicion de crime devenant le centre d'une attention qui le dépasse. Personnage timide et volontiers gauche, l'écrivain embarque le lecteur dans un quotidien où il doit affronter en matinée les charmes de Dora et à devoir se défendre l'après-midi contre des ménagères pressées de démonter ses romans. Dans L'Écrivain national, comme l'appelle le maire de la ville qui l'accueille, il est ainsi autant question d'un fait divers sordide qui évolue dans l'environnement inquiétant des bois que d'une plongée dans les affres d'un romancier tourmenté par la peur de ne pas être aimé et de décevoir, un mal somme toute universel. Avec une écriture qui relève du naturalisme, Serge Joncour livre un roman plaisant, pour lequel on regrettera néanmoins une fin qui coupe court à tout suspens.