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Into the wild

Rendre perceptible l'invisible et faire de la matière une enveloppe mémorielle commune sont les desseins mis en œuvre par Giuseppe Penone. Considéré comme le benjamin de l'Arte Povera, l'Italien dévoile au Musée de Grenoble un ensemble de pièces dont le dialogue vise à la vitalité de l'émotion.

Invoquer le travail de Giuseppe Penone conduit à parler de la beauté de ses œuvres et de la dimension poétique de l'ensemble. Mais au-delà de l'esthétique développée depuis maintenant plus de quarante ans, c'est la logique de la forme qu'il est important de révéler car elle est le sens et l'essence des créations de l'Italien né en 1947. Cette conscience du travail de l'artiste est déployée avec intelligence dans l'espace du Musée de Grenoble. Découpée en cinq actes, l'exposition propose un parcours intuitif, sensible et surtout libre pour aborder chacun des fondements de la pensée de Penone en mélangeant les productions de la fin des années 1970 à celles d'aujourd'hui et mettre ainsi en lumière l'aspect cyclique de sa démarche.

Une vision subtilement appliquée via une scénographie permettant dès la première salle, qui présente des dessins de 1969, de se projeter dans le dernier espace où sont installées des sculptures de 1997, aboutissement des croquis du début. La déambulation se fait donc dans un seul et même souffle et s'engage sur les traces sculptées et esquissées de l'empreinte.

À travers cette exploration de la marque, Giuseppe Penone développe une recherche sur le toucher où le rapport physique à la matière crée une union entre les mondes végétal et humain, notamment avec Germination, moulage de troncs dont les extrémités se métamorphosent en mains – celles de l'artiste. Un rapport à la peau rendu sensible dans l'espace suivant avec Frontières indistinctes (2012), pièce montrée pour la première fois dévoilant des arbres taillés dans le marbre avec en leur centre une coupe de bois en bronze, image d'une double peau.

Mélange des règnes

Au cœur de l'exposition, c'est le souffle qui s'exprime pleinement avec Soffio (1978), terre cuite matérialisant l'invisible autant que l'échange vital effectué par la respiration, tandis que le mur de thé ouvre la brèche sur la perméabilité entre les règnes végétal, minéral et animal. Une réflexion portée dans une autre dimension avec l'installation Sigillo (2012) : les veines du marbres devenant nos veines.

En fin de parcours, Répéter la forêt (1969-1997) devient le miroir de tout l'engagement de Giuseppe Penone : des poutres industrielles sont dénudées pour faire renaître l'arbre originel, tandis que le dernier pan de l'exposition nous plonge dans un paysage abstrait qui n'est autre que le bras de l'artiste agrandi au mur, évoquant autant la sensation du toucher que la mémoire de l'empreinte, tout en matérialisant le temps qui s'inscrit sur et dans les chairs.

Giuseppe Penone, jusqu'au dimanche 22 février 2015, au Musée de Grenoble

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