De…à ∞
Malgré un marqueur temporel figé, la nouvelle exposition du CNAC intitulée De 199C à 199D est in process. Réactivant des œuvres de Liam Gillick produites dans les années 1990, l’artiste, en collaboration avec la Session 23 de l’École du Magasin, tente de réinterroger les formes artistiques de la fin du XXe siècle, à travers la notion de curateur.
Les années 1990 font état d’une rupture dans la société, et spécifiquement en art contemporain. Une vague de jeunes artistes s’est interrogé sur le rôle du curateur dans une exposition, ainsi que sa relation à l’artiste et son audience. La dernière décennie du XXe siècle voit apparaître de plus en plus d’installations, à la matérialité tangible, où le discours réside dans la parole, rendant ainsi l’ensemble immatériel. C’est dans ce contexte que l’Américain Liam Gillick fait évoluer son œuvre, continuellement à la recherche du sens de et dans l’art. Cette période est également porteuse de renouveau avec le premier programme de formation aux pratiques curatoriales, à Grenoble au CNAC. L’École du Magasin entend ouvrir le champ de l’exposition et devient la genèse d’une expression muséale repensée.
Flux temporel
Vingt ans plus tard, Liam Gillick revisite ces débats sous plusieurs angles : en réactivant des œuvres des années 1990, en en créant de nouvelles et en proposant une exposition aux sources même de l’émergence d’une formation curatorial, autrement dit au Magasin. En collaboration avec six étudiantes de la Session 23 de l’école, l’artiste propose de réanimer d’anciennes pièces dans le contexte actuel et fait de l’exposition un espace de réappropriation du temps. De 199C à 199D, deuxième volet d’une précédente exposition réalisée en 2012 intitulée From 1999A to 199B Liam Gillick, n’est autre qu’un champ d’exploration de l’art et de soi-même.
Avec sept discours différents, ils ont tenté d’articuler les œuvres réunies vers une seule et même parole si bien qu’une œuvre trouve un sens commun mais ouvert. Ainsi la table Prototype Erasmus Table #2, sur laquelle des prises électriques sont disposées, devient un espace de transfert qu’il incommode à chacun d’interpréter : transfert humain, internet, matériel… Et lorsque Liam Gillick met en scène un carton contenant tous les éléments du bureau d’un agent du FBI, il interroge la puissance d’une œuvre : est-ce que créer les conditions de l’état provoque cet état ? À travers une vingtaine d’installations, l’artiste et la Session 23 donnent ainsi des clés pour s’interroger sur les possibilités de l’art et sur la reconsidération d’une histoire passée, sans début ni fin.
De 199C à 199D, jusqu’au 7 septembre, au Magasin
via Le Petit Bulletin