Collectes en tous genres
Proposer une exposition sur le principe d’un appel à candidatures comporte des risques : recevoir des choses de qualité diverse. Une supposition qui se vérifie avec l’exposition de Noël organisée par le Cnac jusqu’à la fin décembre à l’Ancien Musée de Peinture. Zoom sur les pièces présentées qui ont retenu notre attention.
Pour la nouvelle édition de l’exposition de Noël du Magasin, 28 artistes ont été sélectionnés parmi 237 dossiers. Et parmi ces 28 artistes, une dizaine propose des œuvres fines et percutantes, à l’image de Mükerrem Tuncay et sa vidéo When you were a kid, were you afraid of your shit ? (2012) qui lui a valu le prix la Ville de Grenoble. Se faisant face à face autour d’une table, deux femmes portant les mêmes nom et prénom s’adonnent à une forme particulière d’interview. Sorte d’introspection, la jeune femme de dos interroge la vieille dame, projection supposée d’elle-même. Les interstices entre le présent et le passé se dessinent à travers le dialogue, avec humour. La narration permet de mettre en lumière le travail du temps, et c’est avec amusement que le public peut s’identifier dans certaines questions. Le montage ingénieux dévoile les transformations physiques et psychiques qu’un être humain encourt durant sa vie.
Stéphanie Solinas s’intéresse, elle, plus particulièrement à l’individu passé. Lauréate du prix des Collectionneurs, l’artiste offre une pièce complexe et sensible. Le déserteur (2010-2013), véritable travail de la mémoire, redonne vie à des personnes disparues avec la volonté de porter le regard sur ceux que l’on a oubliés. Après avoir glané les portraits de défunts sur leurs tombes, l’artiste les a empilés pour former une sculpture qui s’érige tel le Panthéon du cimetière du Père-Lachaise. Accompagnée de photographies et de textes, l’œuvre parle de l’« Autre » et opère une véritable collecte d’identités.
Transformation alternative
Une collecte qui devient plus ironique avec l’œuvre Rare et Magnifique (2012) d’Adrianna Wallis. En tapant « rare et magnifique » sur eBay, elle a rassemblé pendant plusieurs mois toutes sortes d’objets, de la petite voiture métallique à l’animal empaillé en passant par l’épi de maïs. Détournés de leurs fonctions premières, ces choses sont polies pour finalement renaître sous forme de lingots de poussière. L’installation démontre que la rareté est subjective et propre à l’histoire de chacun, non sans une touche de dérision.
Exposition de Noël, jusqu’au 29 décembre, à l’Ancien Musée de Peinture