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Errances sociales

L’esthétique d’une œuvre ne doit pas primer sur son sens comme le démontrent Marie Moreau et Lauriane Houbey avec l’exposition Quelque part, actuellement au Brise Glace. À travers deux créations sonores et une composition d’oriflammes suspendus, elles donnent la parole à une population grenobloise écartée. Un véritable art social.

L’art a été traversé par nombre de mouvements, plus ou moins connus, mais qu’en est-il d’un art qui se veut social ? Certains artistes, à l’image de Marie Moreau et Lauriane Houbey, pensent l’art comme un engagement envers les autres.

L’exposition Quelque part naît au centre Point d’Eau de Grenoble, un lieu qui vient en aide aux personnes dans le besoin. Marie Moreau et Anne-Laure Pigache sont allées à la rencontre de ces gens qui n’ont pas de "chez eux" avec cette volonté simple, mais empathique, de savoir quel objet ne les quitte jamais. Suite à une résidence de deux mois, la création in situ a donné lieu à un ensemble, Techniques singulières, où se confronte un dédale de tentures colorées associé à une production sonore. L’espace d’exposition du Brise Glace (situé au sud des grands boulevards) est sectionné par des oriflammes, marqueur d’un territoire abstrait pour ses déambulateurs, sur lesquels sont dessinés les objets. Du téléphone Androïd, utilisé comme journal de bord, au savon de Marseille, en passant par le stylo-pipe, on découvre le quotidien de ces demandeurs d’asile à travers une matérialité simple.

La plasticienne Marie Moreau aime à qualifier ce projet d’« iconographie de poche ». À juste titre, les identités se dessinent au creux d’une réalité brutale. En fond de salle, des récits se succèdent, ce sont ceux de ces habitués des centres qui décrivent leurs seuls bien sans jamais les nommer. Une sorte de réveil social s’enclenche, et qui se poursuit à travers la marche.

Chorégraphie (non) libre

Une marche amorcée dans la danse des patchworks suspendus et qui prend un autre sens avec la deuxième œuvre, intitulée D’ici là, le milieu par Lauriane Houbey. Casque sur les oreilles, le visiteur est livré à lui-même et invité à déambuler à l’extérieur de l’exposition. Telle une « partition pour marcher », l’expérience s’ouvre sur une déambulation plaisante avec en résonance des témoignages de sans-abris. Puis une rupture dramatique survient lorsque le quotidien des jours et des nuits racontés s’installe dans un climat de peur et de danger. Livré à la rue, le corps prend pleine conscience de sa fragilité, et de l’hostilité qui l’entoure.

Quelque part, jusqu’au dimanche 15 décembre, au Brise Glace

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