Allégories végétales
Photographier des feuillages tient du mystique lorsqu’Aurore de Sousa se trouve derrière l’objectif. Matérialisé par des autoportraits flous, une série évolutive ou encore la récurrence du motif, son travail cherche à faire parler le « jardin » du musée Hébert, en interrogeant les variations du lieu, mais aussi celle de la lumière. Sorte de mise en abîme d’une végétation rêvée, les clichés sont envahis par le vert, qui devient l’essence même du processus créatif. L’artiste dit vouloir « explorer l’émotion de la couleur », une expérience vécue à travers la série Variation dans laquelle la teinte se mue en visage pour finalement laisser place à une contagion de tâches colorées.
Les photographies semblent habitées d’une aura particulière, et l’espace bascule lentement dans un romantisme effrayant. La figuration des premières prises de vue est ainsi rapidement balayée par l’abstraction, qui dessine une nouvelle architecture mystérieuse. Ce glissement est également visible dans un autoportrait sous forme de diptyque où, à la lueur de la nuit, la jeune femme se transforme en halo fantomatique dans un espace devenu métaphore. Ce n’est plus le jardin du musée Hébert, mais le jardin intime d’Aurore de Sousa. Une intimité étrangère, qui inquiète et fascine en même temps.
Envert, jusqu’au 30 décembre, Musée Hébert