Perplexe au Théâtre Les Ateliers
Oscillant entre passages fins et moments plus maladroits, Perplexe, la dernière création du collectif Ildi ! Eldi sur le thème des rapports ambigus entre folie et réalité, est inégale mais servie par une mise en scène astucieuse.
Perplexe débute par une scène anodine : un couple, Sophie et Antoine, rentre de vacances. Sur la table du salon, un colis est posé ; dans le coin de la cuisine, un cactus a mystérieusement fait son apparition. Sophie s’interroge sur la présence de cette plante tandis qu’Antoine est perturbé par l’étrange colis. C’est alors que Jeanne et François, un couple d’amis chargé de garder la maison durant leur absence, débarquent et s’approprient le domicile de Sophie et Antoine. Le doute s’installe alors et les spectateurs, comme les acteurs, s’interrogent : qui sont ces personnages ? Sont-ils fous ? Sont-ils réels ?
C’est selon ce schéma invariable (une scène en apparence normale est rapidement perturbée par l’irruption d’un élément improbable) que la pièce de Marius von Mayenburg est construite. Les scènes s’enchaînent grâce à l’un des protagonistes qui change de personnage et fait la jonction entre les deux scènes. Ainsi, le spectateur est ballotté à travers les différentes saynètes, plus ou moins réussies : une mère ne reconnaît pas son enfant, cet enfant se transforme en officier nazi qui finit par coucher avec un élan, qui n’est autre que son meilleur ami François déguisé.
Les deux couples sont confrontés à des événements incongrus et préfèrent s’enfuir plutôt que d’affronter la réalité. Le texte joue de cette ambiguïté (réalité ou folie) qui anime la pièce. Cet entre-deux déstabilisant est renforcé par le jeu des acteurs, qui n’hésitent pas à s’adresser au public ou à leur metteur en scène, Gilles Chavassieux.
Perplexe, c’est ainsi que la pièce laisse le spectateur : elle tend à désamorcer la réalité, quotidienne et théâtrale, à travers un texte soigné mais desservi par certains passages décousus. Mais avant tout, Perplexe doit être vu comme « un espace de répétition, inachevé, un lieu de travail réel et dynamique », comme l’explique le collectif Ildi ! Eldi.
Perplexe jusqu’au 28 mars au Théâtre Les Ateliers
via Hétéroclite