Flore Kunst, une découpe féminine
L’univers graphique de Flore Kunst, où se mêle critique de la société et beauté de la femme, se déploie à travers une quinzaine de tirages sur les murs de l’Appartement 16, à l’occasion de l’exposition Cuttings.
Flore Kunst manie l’art du collage avec finesse. Diplômée de l’École Émile Cohl en 1999, la jeune créatrice fait ses armes dans divers domaines tels que la linogravure, le dessin textile ou encore l’illustration vectorielle. Elle développe la pratique du collage en 2010 à la suite d’une exposition consacrée à John Baldessari, artiste conceptuel américain qui use de la photographie comme base de ses collages. Flore Kunst reprend cette technique, avec une orientation pop-art dans son discours.
Son processus créatif débute par la collecte de vieux magazines, de cartes postales ou de journaux. Les images ainsi glanées constituent la matière première de l’œuvre. L’artiste retravaille ensuite les visuels, manuellement et par informatique, grâce à la découpe et au collage. Les associations visuelles créent des assemblages hallucinants, faisant penser à ceux des surréalistes. Les images se marient, se heurtent et créent des situations incongrues : une femme laisse échapper une route de sa bouche, une autre est pourvue de cadenas à la place des yeux et le Tower Bridge s’étale sur le ventre d’une troisième. Mais à la différence des surréalistes, qui prônaient à la fin de la Première Guerre mondiale le rêve et le désir en opposition à l’ordre moral, elle dénonce le consumérisme généralisé de notre société, un positionnement proche de celui du pop-art. Elle revendique également une forme de féminisme et tend à désamorcer les clichés de la femme parfaite véhiculée par le XXIe siècle, avec des collages comme Pise-up, dans lequel une femme à moitié dévêtue se transforme en tour de Pise, ou Braintunning, où un homme bricole le cerveau d’une femme, devenu mécanique.
Pleines de dérision, les œuvres de Flore Kunst sont également remplies de poésie. Le corps de la femme apparaît généreux et ses courbes se fondent avec les lignes architecturales du décor. L’effet onirique de l’ensemble est renforcé par l’emploi de couleurs douces et confère un aspect vintage aux collages.
Cuttings, jusqu’au 16 mars, à l’Appartement 16
via Hétéroclite