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Au MAC, des histoires s’écrivent

Depuis le 15 février, des récits plastiques animent le Musée d’Art Contemporain (MAC) de Lyon. Latifa Echakhch, Huang Yong Ping et Gustav Metzger ont investi les lieux, chacun avec son univers particulier. Malgré l’hétérogénéité de leurs œuvres, une volonté commune s’en dégage : celle de raconter ou d’écrire des histoires.

Seule femme de l’exposition, Latifa Echakhch occupe le premier niveau du MAC. Née en 1974 au Maroc, elle vit actuellement en Suisse. Sa vie est marquée par la diversité culturelle, d’où le caractère polysémique de ses œuvres. En effet, l’exposition Laps multiplie les références et les « paysages personnels » de l’artiste mettent en place des narrations sculpturales pleines de poésie. Dispersées au sol, des cartes à jouer espagnoles sont surmontées de onze pierres. L’installation, nommée Ibiza, fait référence à un ancien campement de l’île espagnole regroupant les soldats marocains sous les ordres du général Franco, durant la guerre civile (1936-1939). Elle mêle ainsi par l’utilisation des cartes l’histoire du monde à la sienne. L’installation Mer d’encre joue aussi sur les signes. Avec quatre-vingt chapeaux melon retournés au sol remplis d’une encre noire, la pièce renferme plusieurs degrés d’interprétations : référence à l’histoire artistique avec Magritte, mais aussi à l’histoire populaire avec Charlie Chaplin, ou encore à l’image du poète.

Au second niveau, l’exposition présentée est elle aussi plurivoque. L’artiste français Huang Yong Ping, né en 1954 en Chine, évoque ses origines avec l’exposition Amoy/Xiamen. Le titre mêle l’ancien et le nouveau nom du village natal de l’artiste. Entre autobiographie et autofiction, l’espace est rythmé par de nombreuses sculptures et installations, faites de créatures fantastiques, de statuts du Bouddha et d’animaux. L’artiste questionne les rapports entre l’Orient et l’Occident, notamment à travers l’installation Reptiles, qui présente trois machines à laver encerclées d’une masse informe. Cette matière est le résultat du passage de livres occidentaux et orientaux dans les tambours des machines à laver. Il pose alors la question : les deux cultures peuvent-elles cohabiter ?

Enfin, le dernier niveau est consacré à Gustav Metzger, artiste allemand né en 1926. Pour cette exposition intitulée Supportive, 1966-2011 sa volonté est d’éclairer le public sur l’art auto-destructif et auto-créatif, dont il fut le pionnier. L’art auto-destructif est un art où l’œuvre est menée à se détériorer elle-même à cause des conditions établies par l’homme, afin de démontrer selon l’artiste « la puissance de l’homme à accélérer le processus de désintégration de la nature ». Tandis que l’art auto-créatif est plus positif, dans la mesure où l’œuvre est sa propre source de création. Les éléments mis en place permettent à la pièce de se reproduire constamment, suivant des variantes. L’exposition du MAC insiste sur cette deuxième notion. La pièce, plongée dans le noir, présente d’abord des manifestes de l’artiste, ainsi que des articles et des lettres. Puis, le parcours s’ouvre sur Supportive, plus grande œuvre auto-créative que l’artiste ait jamais créé. Avec ses sept écrans, de quatre mètres par quatre chacun, la pièce se renouvelle en permanence grâce à l’action de la chaleur et du froid sur les cristaux liquides qui composent les écrans. Ainsi, de nouvelles formes et de nouvelles couleurs apparaissent continuellement. Sorte de chorégraphie lumineuse colorée, un jeu psychédélique et sensible s’écrit.

Avec ces trois expositions, le MAC offre au public tant d’univers à explorer qu’à contempler : trois artistes, pour trois voyages différents et une multitude d’histoires artistiques.

Laps, Amoy/Xiamen et Supportive, du 15 février au 14 avril, au Musée d’Art Contemporain de Lyon

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