Trisha Brown, la beauté du geste simple
Le rideau se lève, une fumée rose occupe la scène. C’est ainsi que débute la chorégraphie de For M.G. : the Movie, actuellement à l’Opéra de Lyon. Créée par la Trisha Brown Dance Company en 1990, l’œuvre explore une certaine purification du mouvement, par la simplification du geste.
Née en 1936 aux États-Unis, la chorégraphe Trisha Brown est l’une des figures marquante de la post-modern dance. Apparu dans les années 1960 à New York, ce mouvement défend un art minimal, dans lequel la danse est réduite à des corps en mouvement dans l’espace. For M. G. : the Movie illustre cette orientation artistique, mais est surtout la première pièce de la phase back to zero de Trisha Brown. L’artiste cherchait alors à retrouver l’origine du mouvement, par des gestes simples. Michel Guy, conseiller artistique du Festival de la danse de Paris, commande cette création peu de temps avant sa mort.
Vêtu d’une combinaison lie-de-vin, un danseur restera immobile dos au public, telle une métaphore de la mort, durant toute la représentation. Pendant plusieurs minutes, une danseuse répète les mêmes gestes avec légèreté : une course dessinant l’infini, une marche en diagonale d’avant en arrière. On attend la rupture dans le cycle, presque avec suspense. C’est alors que la scène est envahie par d’autres danseurs. Les pas se complexifient, mais l’interrogation du geste quotidien persiste. Peu à peu, la fumée se dissipe. La musique, mêlant notes mélodieuses et bruits mécaniques, souligne la fluidité de la chorégraphie. Les dernières notes s’envolent et le danseur de dos n’aura pas bougé une seule fois. Le spectacle se termine sur cette vision.
Démarre ensuite la seconde partie avec la pièce Newark, créée en 1987. Un bruit strident résonne pendant quelques minutes. Lorsqu’il disparaît, l’oreille est plus attentive à son environnement sonore, aux bruits de la respiration et de l’effort des danseurs. Dans leur combinaison bleue, ceux-ci opèrent en duo, jonglant avec les masses corporelles : Trisha Brown interroge la force masculine face à la souplesse féminine. Quatre panneaux lumineux colorés viennent découper la scène. La chorégraphie compose avec les espaces dessinés par ces toiles. Les pas sont pensés pour intégrer les corps, de façon à former un couple.
Avec le festival Trisha Brown, l’Opéra de Lyon offre au public deux spectacles puissants, où la simplicité de la danse redonne toute l’importance au corps.
via Hétéroclite